L’UPAC enquête sur le PQ et le PLQ
L’Unité permanente anticorruption (UPAC) a rencontré des dirigeants du Parti Québécois (PQ) en février dernier dans le cadre de l’opération Joug. Ces rencontres font beaucoup parler alors qu’on est en pleine campagne électorale et que Pauline Marois défend l’intégrité de son parti (PQ) en même temps qu’elle accuse le parti de l’opposition, le Parti Libéral du Québec (PLQ) de frauduleux et de malhonnête. Rappelons que l’UPAC a mené des perquisitions chez le PLQ en juillet dernier, alors que la population avait les yeux rivés sur le drame du Lac-Mégantic. Cette situation met en lumière la complexité de la relation qui existe entre la politique et le policing où souvent le public exige une intégrité des représentants de chacun.
Qu’est-ce que l’UPAC ?
L’UPAC fut créée en septembre 2011 sous la guidance du gouvernement Charest (PLQ) afin d’enquêter et de lutter contre le trafic d’influence, la corruption et la collusion au Québec alors que le public réclamait une commission d’enquête. L’UPAC possède le pouvoir de faire des enquêtes et des perquisitions. Ainsi, cela répond à la définition que l’on accorde à la police « d’institution ayant le pouvoir d’utiliser la force coercitive sur autrui et tirant sa légitimité par l’État ». De plus, la création de l’UPAC, suite à la pression des citoyens, montre l’influence que peuvent avoir ceux-ci en matière de « policing » et d’en déterminer les cibles prioritaires. De plus, on peut supposer que les médias ont contribué à ce constat public du manque d’enquêtes sur la corruption.
Ainsi, cela rappelle que la création de la police avait pour objectif d’être civile et surtout indépendante des commandes de l’État et d’être subordonnée à la justice. Autrement dit, les organismes de police habituels agissent pour le bien de l’État et non sous ses commandes. La notion d’indépendance vis-à-vis l’État de l’UPAC semble peut-être questionnable au sens où sa création a été dictée par l’État, le Parti Libéral, pour enquêter sur les partis politiques eux-mêmes.
La création de l’UPAC se voulait une sorte d’alternative à une commission à laquelle le PLQ s’opposait farouchement. Il s’agit donc d’un organisme public de policing visant à lutter contre la corruption dans le domaine public et non un service policier traditionnel. L’UPAC est coordonnée par un commissaire qui en régit les activités au nom de la Loi concernant la lutte contre la corruption et qui lui assure une certaine indépendance.
Projet « Joug »
Les rencontres menées auprès du PQ se sont effectuées dans le cadre du projet « Joug » mené par l’UPAC. Ce projet vise l’enquête du financement illégal des partis politiques. Les agents de l’UPAC ont rencontré Sylvain Tanguay, directeur général du parti et Pierre Séguin, directeur des finances et de l’administration du parti, afin d’obtenir de l’information concernant le financement, la structure et l’organigramme du parti. .
À titre d’exemple, l’UPAC et son projet Joug se sont penchés sur les astuces utilisées par la firme de génie-conseil Roche afin de financer illégalement des partis politiques en échange d’allocation de contrats. Ces stratagèmes s’effectuent à l’aide d’un système de fausse facturation et de trucages d’appels d’offres. Des perquisitions en lien avec cette affaire ont été menées dans les bureaux de Roche par l’UPAC le 29 janvier dernier.
Projet « Lierre »
Outre le PQ, il y a également le PLQ qui a été sous la loupe de l’UPAC puisque des perquisitions ont été menées chez ce parti en juillet dernier par un autre projet qui s’appelle « projet Lierre ». Le projet « Lierre » possède le même mandat que celui de « Joug », mais s’intéresse uniquement au financement du PLQ. Ce projet a identifié 11 individus qui seraient soupçonnés d’avoir participé à un stratagème de financement du Parti Libéral lorsque M. Charest était premier ministre.
La création de projets distincts sur l’enquête du financement des partis témoigne de la grande spécialisation des opérations d’enquêtes dont fait partie l’UPAC.
Des opérations de l’UPAC mises en attente.
Enfin, bien que l’UPAC prétende ne pas faire de politique, des opérations visant le PQ auraient été mises en attente pour ne pas nuire à la campagne électorale et ainsi attendre que celle-ci se termine. Encore un fois, il y a peut-être lieu de se questionner sur l’indépendance réelle de l’UPAC au sens où celle-ci ne devrait pas être influencée par la campagne politique. Ces enquêtes tant auprès du PQ et du PLQ qui surviennent en même temps que la campagne électorale, montre que la ligne entre le politique et le policing n’est peut-être pas aussi précise que l’on peut croire.