Les policiers de la ville de Lévis font encore parler d’eux!

Les années 2000 ne sont pas de tout repos pour les policiers de la ville de Lévis; des évènements en tout genre ont marqué le début de ce nouveau siècle chez cette fraternité. On peut se souvenir de ces tristes évènements survenus à l’automne 2009 : tentative de suicide d’un policier survenue dans le sous-sol du poste et de l’accident qui a coûté la vie à la jeune policière de 21 ans, Mélanie Roy, en répondant à un appel d’urgence sur l’autoroute 20. Notons aussi l’arrestation du chef de police de la ville de Lévis, Jean-François Roy, à l’automne 2010. De façon plus générale, depuis quelques années, les manchettes parlent de climat de travail tendu et malsain, de démission de haut gradé, de retraite anticipée (on peut penser retraite fortement suggérée), de conflits patronaux-syndicaux, d’intimidation et même de harcèlement! Récemment, la fraternité des policiers de la ville de Lévis a demandé une action rapide du maire de la ville, Gilles Lehouiller, pour donner suite à la convention collective échue depuis maintenant 2 ans.

 

Un autre évènement a aussi ébranlé ce corps de police et les citoyens de la ville. Le 16 août 2012, Benjamin Pelletier, policier à la ville de Lévis depuis 2005, a été accusé de 7 chefs, dont agression sexuelle à l’endroit d’une jeune fille de 15 ans au moment des faits. Les gestes reprochés à Pelletier, âgé de 29 ans, se seraient déroulés entre le 1er avril et le 16 août 2012. Il avait donc évidemment été suspendu sans solde et mis en liberté provisoire par voie judiciaire en attendant sa première comparution qui avait eu lieu en novembre 2012, comparution où il ne s’était pas présenté. Par contre, ses avocats étaient là pour le représenter. Il est accusé de production et de distribution de pornographie juvénile, d’incitation à des contacts sexuels et d’attouchements sexuels, de leurre informatique et d’entrave au cours de la justice pour avoir divulgué des informations confidentielles, et ce, en plus du chef d’agression sexuelle. Je tiens à préciser que Pelletier avait déjà fait la une 1 an auparavant. Il avait porté plainte en 2008 contre son supérieur, Denis Blouin, pour harcèlement au travail. La décision rendue en 2011 avait été favorable au policier. Le jeune policier avait même dû aller voir un médecin qui l’avait tout de suite mis en arrêt de travail à cause des symptômes qu’il présentait en lien avec le comportement de son supérieur. C’est aussi ce même supérieur, Denis Blouin, qui avait tenté de se suicider dans le sous-sol du poste en 2009, en se tirant au thorax avec son arme de service. On peut facilement constater que le service de police de Lévis a dû faire face à de nombreux problèmes et qu’il a de la difficulté à se sortir la tête de l’eau, comme le dit le dicton…
Les accusations portées à l’endroit de Pelletier sont assez graves, mentionnons-le et doivent miner la confiance du public, déjà probablement fortement ébranlée. Comment un policier de 29 ans, qui a déjà 7 ans de service, peut-il en venir à briser l’éthique qui est rattachée au travail des policiers? Comment peut-on être insensible aux problématiques d’ordre sexuel (je fais référence à la notion d’agression sexuelle, production et distribution de pornographie juvénile…) lorsqu’on est un représentant de la loi? Comment peut-on penser ne pas se faire prendre, également, lorsqu’une bonne partie de son entourage fait partie des forces de l’ordre?
Il est choquant de constater – et ça arrive drôlement souvent chez nous à Lévis ces temps-ci – que des policiers ne respectent eux-mêmes pas les lois qu’ils font appliquer. Le sentiment d’autorité que dégage Pelletier a peut-être amadoué la jeune fille qui devait se sentir apprécié par un homme possédant ce statut. L’histoire dans les manchettes ne dit pas comment les actes ont été découverts. Par contre, il est facile de s’imaginer que la mère ou le père de la jeune fille soit tombé sur ces images et a éventuellement porté plainte, avec raison. Peu importe les procédures judiciaires, qui ont toutefois lieu d’être si ce n’est que pour punir l’agresseur, la jeune fille garde tout de même avec elle toutes les conséquences (psychologiques, sociales, physiques…) de cet évènement que la justice ne « guérit » pas. Il est désolant de constater que cette jeune fille, aujourd’hui majeure, gardera en mémoire cet épisode sombre de sa vie pour longtemps encore!
Également, les actes sexuels sont fortement réprimandés dans notre société, et ce, même si l’accusé a payé sa dette à la justice et a exprimé des remords. On prend ce genre d’évènement personnel, car on imagine que cela puisse arriver à un de nos proches et parfois certains vont même jusqu’à se faire justice soi-même. Les procédures pour Pelletier sont toujours en branle, mais étant donné sa liberté provisoire, il se retrouve dorénavant en communauté, devant tout le monde, qui le reconnaît probablement. Benjamin Pelletier a évidemment changé de travail (et par le fait même possiblement, perdu une belle carrière), mais doit sûrement faire face à la stigmatisation inhérente liée à son comportement antérieur. Plusieurs diront que c’est ce qu’il mérite, mais pour l’instant, il bénéficie de la présomption d’innocence qui lui est garantie par la Charte. D’autant plus qu’il est inutile de se retrouver aussi devant les tribunaux pour voies de fait, aux côtés de Pelletier, à cause qu’on a voulu le punir nous-même. Pelletier devait repasser devant les tribunaux le 9 janvier 2013 pour la suite des procédures…
Finalement, nonobstant les malheureux incidents dans le service de police de la ville de Lévis, celui de Pelletier en reste un qu’on n’oubliera pas en tant que citoyen de cette ville à cause de la teneur des chefs d’accusation. Pour comprendre l’ampleur de ce problème qu’est l’agression sexuelle de la part d’un agent de la paix, voici quelques évènements semblables survenus au Canada et même ailleurs dans le monde : un policier de la GRC accusé d’agression sexuelle contre des mineurs, un militaire des Forces armées canadiennes accusé d’agression sexuelle sur des enfants, un policier de la ville de Saguenay accusé d’agression sexuelle, un policier de la SQ à Matane accusé d’agression sexuelle et même un policier d’Égypte accusé d’agression sexuelle contre des vacancières. Notons aussi les cas d’accusations d’agression sexuelle commises par un tel agent qui se sont révélées fausses ou dans lequel l’agent a été acquitté comme dans le cas de l’agent Jeffrey Greetham du service de police de Gatineau. Les personnes publiques suscitent l’attention des médias lors d’allégations comme celles-ci, mais nous devons toutefois attendre le cour de la justice pour connaître la vérité. Au lieu de juger sans savoir, nous devons plutôt nous concentrer sur le renforcement de l’estime de soi des adolescent(e)s et leur faire une meilleure éducation sexuelle, à mon avis…