Policing : Augmentation des coûts

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Le 31 mars dernier, sur CTV News (Barrie), un reportage a été diffusé sur l’augmentation des coûts de la police dans certaines communautés. Notamment, dans la municipalité de Penetanguishene, en Ontario, le budget alloué à la police provinciale de l’Ontario s’élevait à 25% du budget total de la municipalité en 2010 et était appelé à doubler. Il ne s’agit que d’un exemple parmi de nombreuses collectivités dont les contrats se terminent avec la police provinciale, collectivités qui vivent la même augmentation en flèche des coûts liés aux services de police. Les contribuables n’en peuvent plus de débourser pour tout ce qu’ils ont à payer, qu’il s’agisse de la gestion des ordures et des égouts ou des services de police.

Dans l’article cité ci-dessus, il est question des causes possibles de cette augmentation. D’abord, le gouvernement provincial a négocié une augmentation salariale de 8,5% pour les policiers provinciaux, après un gel salarial de deux ans et, depuis janvier 2014, un agent de police de première classe peut s’attendre à gagner plus de 94 000 $ par an. Selon Statistiques Canada, ce salaire est plus de trois fois plus élevé que le salaire moyen des travailleurs de l’Ontario. Cependant, les salaires ne seraient qu’une partie des raisons de l’augmentation des coûts. Une étude universitaire réalisée a révélé que les policiers ont besoin de plus de temps pour régler chaque affaire en raison de l’augmentation des attentes et des normes pour ce qui est du niveau de preuve exigé par la couronne afin d’entreprendre une poursuite.

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Aussi, les agents de police doivent gérer beaucoup de situations, dont certaines ne sont pas de nature criminelle, qu’il s’agisse de disparitions, de motoneiges percutant des arbres ou encore d’écrasements d’avions. De plus, les policiers doivent également composer avec davantage de personnes souffrant de maladie mentale, puisqu’ils constituent souvent la seule aide disponible, en particulier après les heures ouvrables. En Ontario, le policing coûte maintenant plus de 3,6 milliards de dollars par an et la façon dont ces coûts sont répartis entre la province et les municipalités fait présentement l’objet d’un examen. Les changements entreront en vigueur l’an prochain et il est de plus en plus clair que certaines villes vont payer moins alors que d’autres payeront beaucoup plus.

Et c’est pareil au Québec, où le tarif que doivent payer les municipalités, notamment en Abitibi-Témiscamingue, pour bénéficier des services de la Sûreté du Québec sur leur territoire a augmenté presque partout en région. La facture aurait augmenté en moyenne de 37 % en 5 ans. Les hausses pourraient s’expliquer, entre autres, par les rôles d’évaluation qui ont bondi dans les dernières années et le coût réel des services. Cependant, il pourrait aussi s’agir d’une forme de taxe déguisée refilée aux municipalités, puisque celles-ci doivent hausser les taxes foncières pour équilibrer leur budget en vue d’absorber la hausse prévue par le contrat avec les services de police provinciaux. Il convient de souligner que le nombre de policiers n’a pas augmenté en Abitibi-Témiscamingue. Toutefois, sur le plan de la satisfaction, les services offerts répondent aux attentes des citoyens, malgré les problèmes de desserte liés à la grandeur du territoire. De même, le maire de Malartic soutient que les citoyens voudraient toujours avoir plus de services, mais que la collaboration est bonne avec la SQ.

Bref, les gens se disent satisfaits des services offerts par les polices provinciales, mais trouvent que ces services occupent une grande place dans le budget des municipalités. La question que je soulève, c’est la possibilité de solutions alternatives. Peut-être que les municipalités commenceront à faire de l’œil à certains services de sécurité privée pour tenter d’économiser. Le sentiment de sécurité sera-t-il le même chez les citoyens? La facture n’est-elle pas aussi appelée à grimper à long terme? Le contrôle social ne serait-il pas, via la sensibilisation des citoyens, une solution viable?

Il a été soulevé que les attentes en matière de preuve sont de plus en plus élevées. Il faut aussi souligner qu’en raison du populisme pénal, le durcissement des peines est très à la mode dans notre société. Cependant, le durcissement des peines, ça fait grimper la Imagefacture aussi! Un grand travail de sensibilisation serait nécessaire selon moi dans la société puisque le citoyen moyen semble avoir des attentes complètement irréalistes. Le crime et la sécurité coûtent trop cher selon lui, mais il faut toujours plus de sécurité pour coincer plus de criminels qui devront subir des peines plus dures, idéalement tout en économisant… Il me semble qu’une impasse est facilement envisageable. La solution, selon moi, se trouve dans la perception de la société. Cependant, je pense que le changement de mentalité qui devrait s’opérer afin de contribuer à une modification des tendances sociales demanderait énormément de ressources dévouées à la sensibilisation, et bien honnêtement, je ne crois pas, aussi idéaliste que je sois, qu’un tel changement de mentalité puisse un jour se produire.

Alors, comme solution à l’augmentation des coûts du policing dans les polices provinciales, je ne vois que deux possibilités : soit continuer de payer puisque c’est satisfaisant, soit se tourner vers les services de sécurité privé, lesquels pourraient peut-être amener une certaine compétition et faire en sorte que les services de police provinciaux augmentent leur efficience.