SPVM – Lancement du plan stratégique en santé mentale

C’est le 5 février 2013 que le Service de Police de la ville Montréal a lancé son plan d’action visant les interventions policières avec les personnes vivant des troubles de santé mentale. Annuellement, le SPVM reçoit plus de 30 000 appels concernant des personnes en état de crise ou que leur état mental est perturbé, c’est-à-dire 3.2% des appels annuels ce qui constitue une moyenne de 90 appels par jour. Ces états complexifient le travail du policier qui arrive en renfort auprès de ces citoyens. Chaque appel amène les policiers à des situations très différentes les unes des autres. Souvent, les policiers ont du mal à bien analyser la situation et cela peut amener des problèmes face à la prise de décision et la manière d’interagir avec ces personnes. De plus, ce sont les policiers qui ont le plus de contacts avec ce groupe de citoyens et ces appels les mobilisent deux à trois fois plus longtemps que les autres appels. Parfois ils ne savent pas où transférer ces personnes ou à qui les référer. Enfin, le manque de collaboration entre la police et différentes sphères de la communauté, telles que le système de santé, les services sociaux, le système de justice, rend plus difficile les interactions et les prises de décisions qui tiennent compte des personnes mentalement perturbées ou en crise.

Les policiers doivent analyser rapidement le comportement des personnes mentalement perturbé ou en crise. Le SPVM classe ces personnes en deux catégories; les personnes en détresse, c’est-à-dire avec un état mental fragilisé et les personnes en crise, faisant face à une désorganisation plus sérieuse. La notion de crise est divisée en trois niveaux; la crise qui est sans passage à l’acte, où la personne peut ou non présenter un danger grave et immédiat. La crise grave, qui présente un passage à l’acte ou une menace de le faire, où la personne est contenue et isolée et qui représente un danger grave et immédiat. Troisièmement, la crise aiguë, où la personne représente aussi un danger grave et immédiat.

Ce plan d’action vise une révision des tactiques et des interventions prônées par les policiers de la ville de Montréal, pour mieux s’acquitter de leur premier mandat qui est d’assurer la sécurité et la qualité de vie de la population, de maintenir l’ordre et de promouvoir la paix publique en faisant respecter les lois et les règlements en vigueur. La collaboration entre les différents acteurs des milieux sociaux est mise à l’avant-plan, afin de mieux intervenir auprès des personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale et d’instaurer une certaine cohérence au sein de ces interventions. Des procédures internes ont été instaurées telles que des formations, des guides, des avis juridiques ont été rédigés, des protocoles d’entente ont été signés et des partenariats ont été créés ou renforcés avec les différents acteurs sociaux. On peut résumer ces changements en une optique de trois objectifs principaux; premièrement, doter l’organisation policière de moyens pour soutenir le travail des policiers. Deuxièmement, rendre plus efficaces les interventions policières et troisièmement, renforcer les partenariats et les collaborations. Enfin, plusieurs enjeux entrent en ligne de compte, tels que la diversité, la complexité et la quantité des situations rencontrées,  les limites de la formation policière, l’intégrité physique de la personne mentalement perturbée et du policier ainsi que la cohérence dans la complémentarité des actions en lien avec les partenariats.

Ce plan stratégique favorisera, sur beaucoup de plans, les interventions policières et améliorera les connaissances des policiers sur la problématique et les stéréotypes de la santé mentale, une maladie que personne n’est à l’abri.

Le SPVM se dit être un corps policier proche de sa communauté. Avec ses 33 postes de quartiers (PDQ), c’est beaucoup plus facile d’établir des liens ainsi que des partenariats avec les membres de la communauté. On se rapproche beaucoup du concept de police communautaire et de police de proximité. Les policiers qui établissent un bon lien avec les citoyens, dont ils assurent leur sécurité, est aussi un bon outil de prévention de la criminalité, dans le sens que durant les échanges, la police amène la population à se protéger elle-même de la criminalité. Je crois que c’est important de miser sur cette optique de proximité puisque celle-ci amène la population à en apprendre plus sur le métier de policier et peut diminuer les préjugés envers celui-ci, puisque ces préjugés sont souvent basés sur le fait que les policiers sont les représentants de la loi, de l’ignorance et de la peur de la part des citoyens.

Les gens aux prises avec des problèmes de santé mentale font beaucoup l’objet de préjugés et d’isolement social dû à l’ignorance de la population face à ce problème. La maladie mentale peut toucher tout le monde et personne n’est à l’abri. Elle peut entraîner des moments de crise ou de désorganisation et c’est durant ces moments que la sécurité de la personne et de l’entourage, dont celle du policier lorsqu’il intervient, peut être compromise. Par contre, ce n’est pas tout le monde qui sait comment réagir face à ces personnes en crise et les policiers ont une formation limitée sur le sujet. Je crois que c’est important que tout les corps policiers, ainsi que leurs partenaires, se dotent d’outils et de stratégies face à ce genre de situations. Pas seulement le SPVM, puisque ce n’est pas qu’un phénomène urbain, c’est un phénomène social. Ce qui ramène au fait que le policier n’est pas seulement qu’un représentant de la loi, il possède plusieurs fonctions, dont celui d’un travailleur social. C’est en étant formé pour toutes les différentes fonctions qui demandent de la spécialisation que le policier pourra faire un travail adéquat dans toutes les sphères de son domaine.

Pour terminer, la spécialisation du métier de policier ne peut amener que des effets bénéfiques à l’exercice de ses fonctions. Avec une plus grande connaissance de la maladie mentale et des tactiques d’interventions adéquates, le SPVM pourra augmenter son efficacité dans toutes les sphères de son mandat. Tant sociales, légales qu’organisationnelles.