Profession portier; permis non requis!

Une enquête du Journal de Montréal parue le 15 mars 2014 nous apprend qu’en dépit de la Loi sur la sécurité privée en vigueur depuis 2010, plusieurs portiers seraient toujours sans permis obligatoire.

Nombreux incidents impliquant des agents de sécurité privée et des citoyens sont survenus causant des lésions graves ou la mort. Comme l’a rapporté précédemment Evejoanny dans son article Les portiers; où se trouvent les limites? ou le cas de M. Lévesque dans l’article La sécurité privée dépasse-t-elle les limites? de Amelielevesqueaube.

1310891828924_ORIGINAL

Le fait qui nous préoccupe aujourd’hui est l’application de cette fameuse Loi sur la sécurité privée. Il semble que les autorités ne s’attardent guère aux portiers sans permis. Le directeur des enquêtes et inspections au Bureau de la Sécurité Privée, Stéphane Bénard, nous informe que dans le cas des tenanciers de bar, la loi est appliquée seulement que lorsqu’il y aurait une dénonciation ou une plainte concernant un portier qui n’aurait pas son permis.

Le problème vient du fait que le BSP ne reçoit aucune subvention alors, il se fait vivre grâce aux délivrances des permis, cependant l’aspect surveillance des activités de sécurité privée est laissé pour compte aux mains de 6 agents. M. Bénard dit lui-même dans un communiqué sur le site du BSP que la mission première lors de la création du bureau était d’informer et de délivrer des permis.

mhrf49dbv9_2d9fa52a_a56a_627b_ed54_f8fbc7136300

Le métier de portier serait souvent un emploi temporaire donc la formation nécessaire requise serait trop imposante pour ce que l’emploi représente aux yeux de ceux qui le pratiquent. En effet, pour obtenir le permis, les candidats doivent réussir un programme de gardiennage en sécurité privée d’au moins 70 heures de cours. Le coût de la formation tourne autour de 500$, plus le prix du permis lui-même. Un portier depuis 25 ans interpellé par le Journal de Montréal soutient qu’une grande partie des portiers se retrouverait sans emploi si l’on appliquait la loi du permis. C’est en particulier le cas de ceux qui pratiquaient déjà le métier avant que la loi soit en vigueur. L’obligation de détention de permis pour les agents de sécurité privée n’est pas rétroapplicable.

La sécurité privée, plus précisément les portiers de bar, s’opère généralement en complémentarité avec la police parce que le service remplit un trou de sécurité auquel la police ne s’intéresse pas ou n’a pas les ressources pour s’en occuper.

Parce qu’il y avait trop de dérapages au niveau de la sécurité privée, la pratique a dû être réglementée comme celle des policiers. Cependant, il est inquiétant de constater que le Bureau de la Sécurité Privée s’occupe plus particulièrement que d’un seul aspect du programme qu’il ont eux-mêmes mis en place pour contrer les incidents malencontreux. L’aspect application de la loi est mis de côté, alors qu’elle serait d’autant plus importante pour contrôler les acteurs déjà en place dans la sécurité, que ceux en devenir.  Les rôles que remplissent les agents de sécurité privée sont importants pour les acteurs de la société. Entre autres, pour la police qui s’occupe de tâches plus importantes, pour les entreprises qui souhaitent limiter leurs pertes et pour la protection des citoyens. C’est dans cette optique que le BSP devrait se concentrer davantage sur l’application de sa loi afin que chaque agent en place soit conforme et ait reçu une formation adéquate pour éviter les accidents parce que le gardiennage s’effectue pour prévenir la criminalité et non en créer.