Policier ou «super» policier ?
Le travail du policier en service est diversifié, complexe et ce dernier doit s’adapter à plusieurs situations auxquelles il fait face. En effet, il doit intervenir avec plusieurs types de personnes dans des situations qui partent du quotidien jusqu’à celles qui sont plus dangereuses. On lui demande donc d’avoir une compétence générale dans plusieurs domaines, dont la psychologie, la sociologie, la criminologie, etc. pour intervenir le mieux possible. La Cour a une fois de plus confirmé ce désir de connaissance générale de l’agent de la paix lorsqu’un jury de cinq membres a recommandé une meilleure formation des policiers en santé mentale. Ce court article résumera la situation et analysera cette dernière.
Tout d’abord, pour bien interpréter la situation, voici un résumé de l’évènement. Suite au décès de trois torontois atteint par balle par la police. Ces derniers, étant tous atteints de problèmes mentaux divers, cela souleva des questionnements et donna lieu à une enquête du coroner. L’enquête en question s’est penchée sur les décès de Reyal Jardine-Douglas, Sylvia Klibingaitis et Michael Eligon. Le jury rattaché à cette enquête émit plusieurs recommandations qui, en somme, misent toutes sur la formation du policier. Ces recommandations ont été faites dans le but ultime que les policiers soient mieux outillés pour désamorcer des situations avant de tirer. Le juré met de l’avant comme suggestion de former les policiers pour qu’ils prennent en considération l’état mental de la personne et non seulement son comportement, et d’utiliser l’arme à feu qu’en dernier recours. En second lieu, il suggère aussi que les corps policiers augmentent l’usage de caméras dans les véhicules et pour les policiers en première ligne de réponse le port du gilet pare-balle, ainsi que de boucliers pour augmenter la protection du policier afin de permettre aux policiers de désarmer et de maîtriser les personnes avec des armes (tranchantes). Suite à cette déclaration, des avocats de la police ont mis en garde les jurés afin que ces derniers ne viennent pas intervenir dans la gestion de cet agent de contrôle formel qu’est la police. À l’opposé, les familles des victimes ont encouragé la prononciation de telles recommandations par le jury.
D’autre part, il est essentiel de saisir le travail que le policier fait pour mieux comprendre la situation. Aux premiers abords, la police au Canada est divisée en deux entités distinctes qui s’entrecroisent à quelques moments. Ces deux sections sont la patrouille (agent en uniforme) et les enquêteurs. Leurs tâches sont très différentes, ce qui contribue à la séparation de ceux-ci. En ce qui concerne la patrouille, elle est responsable de la prévention du crime, du contrôle des foules, de l’ordre dans les endroits publics, de la réponse aux appels du citoyen et du code de sécurité routière. Tandis que les enquêteurs sont chargés de mener des investigations sur les crimes. Il est possible d’en venir à la conclusion que la patrouille interagit énormément avec les citoyens. En effet, 90% de leur travail se divise entre l’administration, la patrouille préventive et la réponse aux appels des citoyens. Dans le même ordre d’idée, 95 % de ces activités sont déclenchés par un appel du citoyen. Dans le même ordre d’idée, on demande au policier qui patrouille d’être un expert dans différents domaines reliés aux sciences humaines/sociales dans le but de fournir le meilleur service possible aux divers citoyens lors d’intervention. La notion d’expert engendre la professionnalisation de la police qui est maintenant professionnelle dans la prévention et le contrôle du crime. En d’autres mots, dans la lutte au crime.
Suite au concept d’expertise, de 1985-1990, un nouveau modèle policier apparait soit le modèle communautaire. C’est ainsi que, petit à petit, il devient le modèle généralement employé par les différents corps de police au Canada. Ce modèle est axé sur la communauté. C’est-à-dire qu’on valorise l’aspect service, qui n’est pas une catégorie diverse de la police. En fait, le mandat de la police s’élargit. Il implique la réorientation de la police vers la prévention et non plus la chasse aux truands et leur rétribution. De plus, ce modèle implique la reconnaissance du pouvoir du contrôle informel des différents groupes sociaux (citoyens) présent dans l’environnement. C’est donc plus un partenariat entre la population et la police. Cependant, dans les faits, le modèle de la police communautaire prend l’aspect d’un programme que d’un modèle. Les organisations policières ont adopté certaines parties du modèle, mais aucune organisation à procéder à la réorientation complète pour que l’application du modèle soit possible.
Les recommandations du jury mettent à l’avant-plan le travail d’intervenant des premières lignes des policiers. C’est-à-dire que ce sont les premiers à pouvoir contrôler une situation plus ou moins dangereuse. De plus, les organisations policières tendent à utiliser les armes et l’agression plus rapidement ces derniers temps. Plusieurs incidents sont arrivés, brutalités policières, meurtre de citoyens avec des problèmes mentaux, et ce, partout à travers le Canada. Il est important que les policiers tentent d’abord et avant tout de désamorcer les situations plutôt qu’utiliser l’agression. Les organisations policières sont des cibles de la sous-culture policière qui a la propriété de produire une certaine manière d’être et d’agir. Dans cette sous-culture, on retrouve la solidarité interne et le conservatisme. On peut donc en conclure que c’est sous ces raisons que les avocats ont averti le jury de ne pas émettre de telles recommandations concernant la gestion de la police. De plus, la police est un instrument de contrôle formel qui représente l’État donc à ce sens, elle ne devrait pas être la seule à prendre des décisions sur sa gestion.
En conclusion, les recommandations faites par le jury sont fondées sur une approche communautaire, où le policier travaille à proximité des citoyens. De ce fait, il est le premier intervenant souvent à entrer en contact avec les citoyens lors de situations plus ou moins dangereuses, le policier se doit donc d’être en mesure de contrôler la situation pour la protection de ce dernier et de la population. Cependant, en prenant en considération la sous-culture policière de conservatisme et de solidarité interne, peut-on dire que les recommandations auront un effet réel sur la formation des policiers?