Le Comité de déontologie policière à Sherbrooke se penche sur une arrestation musclée survenue en août 2010
Le Comité de déontologie policière à Sherbrooke se penche actuellement sur une arrestation qualifiée de musclée survenue en août 2010 par trois policiers sherbrookois.
Voici une brève description des faits : en août 2010, un appel survient du bar le Mondial concernant une querelle dans le stationnement du bâtiment. Arrivés sur les lieux, les agents Mathieu Grenier, Luc Boivin et Simon Dubé sont confrontés à une femme, la plaignante Bianka Desnoyers, qui s’interpose lors de l’arrestation d’un suspect. Elle se retrouve alors arrêtée elle aussi pour avoir entravé le travail des policiers. C’est lors de l’arrivée au poste que les événements compromettants auraient eu lieu. En effet, comme son transport aurait été plutôt agité et qu’elle continuait d’être hystérique à son arrivée au poste de police, les policiers ont pris la décision de menotter la jeune femme aux chevilles. De plus, lorsque les policiers ont voulu la transporter vers le bloc cellulaire, Bianka Desnoyers aurait refusé de marcher et de se tenir debout. Face à cette situation, les trois agents ont alors pris la décision de la traîner comme un sac jusqu’à sa cellule. C’est lors de son confinement en cellule d’isolement qu’elle aurait été déshabillée et laissée ainsi à son détriment.
En recours devant le Comité de déontologie policière, on reproche aux policiers de ne pas avoir respecté les droits de la plaignante et d’avoir été négligents et insouciants vis-à-vis sa santé durant son transport vers le bloc cellulaire.
Comme nous le savons bien, le travail des policiers est un métier qui est très subjectif malgré les nombreuses règles et procédures qu’on retrouve dans le Code de déontologie policière. Par exemple, on demande aux policiers d’éviter toute forme d’abus possible dans leurs rapports avec les citoyens, de ne pas faire de menaces et d’intimidation, de ne pas abuser de son autorité sur autrui, de ne pas être négligent à l’égard de la santé ou la sécurité d’un citoyen, de ne pas fouiller un citoyen de sexe opposé, etc. Vous serez tous d’accord avec ces principes puisqu’ils forment « le gros bon sens ». Pourtant, lorsqu’on demande aux policiers comment ils appliquent toutes ces procédures et règles durant leurs quarts de travail, la majorité d’entre eux affirment qu’il est très difficile, dans le feu de l’action, d’agir et de penser simultanément à tout ceci.
Il faut aussi penser à l’impact des médias dans leurs interventions. Les policiers peuvent ou non, toujours selon leur discrétion, intervenir dans une situation donnée. La presque totalité de leurs interventions avec les citoyens se retrouvent partout dans les médias à cause de la nouvelle technologie qui nous entoure. Ainsi, comme l’image de la profession policière est mise en jeu, certains policiers n’interviennent pas volontairement puisqu’ils anticipent les retombées négatives qui peuvent en découler.
Dans ce cas précis, les policiers ont agit sans réfléchir nécessairement aux conséquences que leurs gestes allaient avoir. On peut donc affirmer qu’ils ont agi sous l’émotion du moment. Lorsqu’une femme en crise se présente à vous et commence à vous ruer de coups, il se peut que les règles et procédures qui régissent votre travail soient un peu loin dans vos pensées. Il est encore plus difficile pour les policiers de tracer la ligne qui délimite ce qui est acceptable de ce qui ne l’est pas puisque la plupart des procédures sont valables ou non selon diverses situations. Lors de l’intervention dans le stationnement du bar Le Mondial, les policiers affirment que toutes leurs interventions étaient justifiées en raison du comportement de la jeune femme alors que selon elle, leurs gestes étaient exagérés.
Ce sera au commissaire du Comité de déontologie policière à Sherbrooke de trancher d’ici les prochaines semaines sur ce cas produit en août 2010. En effet, ce commissaire a pour fonction de recevoir et d’examiner les plaintes qui sont faites à l’égard des policiers. D’ici là, avant de juger le travail des policiers, il serait bien d’essayer de se mettre à leur place. Auriez-vous réagi ainsi ? Auriez-vous pensé aux procédures et règles à appliquer avant d’agir ?
N’oubliez pas une chose, les policiers restent, malgré leur profession, des humains comme vous et moi.