La police suisse lance une application pour téléphones intelligents
Les services de police de Vaud et de Genève en Suisse viennent d’amener la police de proximité à un autre niveau. Comment être plus proche des citoyens dans notre société actuelle, qu’en les rejoignant directement sur leur téléphone mobile? Nous sommes à l’ère du Web, de l’instantané, du savoir «tout, tout de suite, maintenant». Les Suisses l’ont compris et ont tenté d’innover dans ce sens en lançant l’application Ma police.
Cette application, disponible dans Google Play et l’App Store, informe les citoyens en temps réel des alertes de sécurité selon leur position géographique. Bien sûr, les utilisateurs doivent donner leur consentement et le service de police garantit dans son communiqué de presse que ces informations resteront anonymes et qu’elles serviront seulement à les aviser lorsqu’ils seront dans un périmètre concerné par une alerte.
La géolocalisation permettra ainsi au citoyen d’être informé, entre autres, de méfaits commis près de lui (un vol, par exemple), de la position du poste de police le plus proche (coordonnées, heures d’ouverture, etc.), des personnes disparues, et même des dangers météorologiques.
L’onglet Emploi & formation fournit des informations sur la police: on y apprend notamment que leur service de police comporte un effectif de 1 897 individus, dont 860 gendarmes et 303 policiers judiciaires. En 2012, 307 978 appels au 117, 33 647 constats de cambriolage, 4 131 affaires de drogue, 30 policiers blessés, 17 709 transports de détenus, etc.
Plusieurs informations viennent faire l’étalage de leurs actions au public. Comment se plaindre après ça que la police ne fait rien? Néanmoins, ils font preuve d’une certaine transparence dont on s’attend minimalement en contexte démocratique.
Ce même onglet informe aussi sur les moyens de devenir policier et fait la promotion de la profession. «Envie de contact humain? Besoin d’action? Volonté de contribuer activement à la bonne marche de la société? La profession de policier répondra à vos attentes. Être gendarme ou inspecteur, c’est exercer un métier exigeant, varié et riche en contacts humains, au profit de toute la population. C’est se trouver au cœur de l’action et des événements les plus inattendus. C’est aussi mener des enquêtes judiciaires qui nécessitent du goût pour l’investigation, la recherche et l’analyse. La police vous offre une palette de possibilités selon vos aspirations, vos compétences et votre personnalité. Parmi ces différents services, vous trouverez certainement la voie professionnelle qui vous convient»(extrait de l’application Ma police).
On constate le côté mythologique de la police qui donne l’impression d’être un métier stimulant et rempli d’action. Les auteurs parlent aussi des enquêtes, sans laisser comprendre qu’elles prennent une mince place dans le travail des policiers. Ils ne parlent aucunement des côtés moins glamour de la patrouille et soutiennent de nombreux clichés.
Cet outil peut paraître alarmiste dans la mesure où il peut être insécurisant de savoir qu’une agression vient d’être commise près de soi. À l’opposé, il peut permettre aux gens de savoir où quand et comment ils doivent se protéger. Il ne faudrait pas qu’ils se sentent faussement protégés et qu’ils fassent part de moins de vigilance, considérant qu’ils seront avertis si une situation les met à risque.
À cet effet, les concepteurs ont pris soin d’émettre une mise en garde sur le fait qu’ils ne peuvent être responsables des conséquences d’avoir diffusé ou non une information. De plus, l’onglet Prévention transmet, sous la forme d’articles, des trucs sur la prévention de situations à risque. Par exemple, on y trouve des conseils à l’attention des personnes âgées, des trucs pour se protéger des pickpockets, quoi faire si on tombe sur un site de pornographie juvénile ou si on soupçonne un pédophile.
Cela reflète donc la responsabilisation du citoyen véhiculée par l’approche de la police communautaire, en donnant des outils pour que la communauté puisse se protéger elle-même avant tout.
Pour ce qui est de l’utilisation des données par les policiers, un doute subsiste quant à l’utilisation qu’ils peuvent en faire. Le porte-parole de la police genevoise a affirmé : «Nous n’utilisons pas ces données. Elles sont stockées sur un serveur sécurisé qui appartient à la police. Notre but est vraiment de rendre service au public.»
Somme toute, on peut dire que l’initiative est audacieuse, considérant les derniers scandales de cueillettes de renseignements mis en lumière qui ont su semer la méfiance chez plusieurs. Qu’en penserait Edward Snowden?