Événements sous haute surveillance

De plus en plus, le Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM), doit utiliser son Centre de Commandement et de Traitement de l’Information (CCTI). En effet, lors du fameux conflit étudiant au printemps 2012,le SPVM n’a jamais utilisé autant de fois son centre.  Créé il y a 13 ans, le CCTI assure le commandement et la coordination des interventions policières de large ampleur dans le cadre d’événements spéciaux (le Grand Prix de Montréal, le Festival juste pour rire, etc.), de manifestations, de fusillades, etc. (Dupont 2008, p.7) Il réunit différents partenaires impliqués dans les événements, tels que l’Urgence-Santé, le Services de Sécurité Incendie, le SPVM, qui est le maître d’œuvre, ainsi que plusieurs autres partenaires. Un historique des événements est de mise afin de mieux comprendre les raison qui ont conduit à la création du CCTI.

L’un des événements qui a le plus marqué les québécois à la fin dans années 1980 est sans contredit la tuerie à l’École polytechnique. Le 6 décembre 1989, Marc Lépine entre dans l’École armé et tire sur des jeunes femmes. Ainsi, à la fin de ce carnage, il se suicide en emportant avec lui 14 femmes, en plus d’en blesser 14 autres. Les constats qui ont découlés de ce drame furent le dysfonctionnement des systèmes de communication, ainsi qu’une hésitation sur les procédures quant aux responsabilités et au commandement de la situation. (Dupont 2008, p.27) Par conséquent, malgré le fait que les policiers ont su faire preuve d’initiative personnelle et de courage, aucune stratégie commune ne fut élaborée en ce qui concerne les événements.

Quatre ans après ce massacre, le 9 juin 1993 précisément, l’équipe de hockey des Canadiens de Montréal gagne sa dernière Coupe Stanley, à ce jour. Les fêtards célèbrent cet événement dans les rues de Montréal, mais tout bascule quelques minutes après la fin de la partie. La fête vire complètement à l’émeute où les boutiques sont pillées et où les voitures sont renversées et incendiées.

Émeute lors de la finale de la Coupe Stanley, le 9 juin 1993, dans les rue de Montréal.

Ainsi, plus de 30 personnes furent blessées, dont huit étaient des policiers. Les conclusions qui sont sorties à la suite de cette émeute sont le manque de planification ainsi que le commandement du service d’ordre autour de ce match. (Malouf 1993, p.70 et Dupont 2008, p.26) Il fallait donc établir des lignes directrices du partage des responsabilités entre les intervenants de première ligne et le CCO (Centre de Coordination des Opérations).

Suite à ces événements, le CCO est devenue le CCSO (Centre de Commandement et de Suivi Opérationnel) qui a été mise à l’épreuve lors de la crise du verglas en janvier 1998. Plusieurs foyers furent privés d’électricité dans tout le Québec. Ainsi, devant l’ampleur de la situation, le SPCUM (avant la fusion des municipalités en 2002, le SPVM s’appelait le Service de Police de la Communauté Urbaine de Montréal) active immédiatement le CCSO. Le rapport de rétroaction de cet événement naturel établit qu’il y eut une confusion entres les commandants et le CCSO et que les moyens techniques du centre étaient insuffisants. (Dupont 2008, p.27)

Ainsi, c’est le 3 avril 2001 que le Centre de Commandement et de Traitement de l’Information fut officiellement inauguré. Depuis, le SPVM active le CCTI lors d’événements d’envergure qui se déroulent dans la ville de Montréal avec un nombre sensiblement élevé de policiers sur la route pour gérer l’événement et  qui nécessite une coordination avec différents partenaires. Nous pouvons classer les événements en deux grandes catégories, soient planifiées et imprévisible. Premièrement, il y a bien sûr les événements planifiés, c’est-à-dire des événements festifs ou culturels ne représentant pas une grande menace (le Grand Prix, etc.) et ceux pouvant représenter une menace à l’ordre public (manifestation légale, fête nationale, etc.). (Dupont 2008, p.31)

Centre de Commandement et de Traitement de l’Information du SPVM

Deuxièmement, il y a l’événement imprévisible, tels que les manifestations illégales, des désastres naturels ou encore des fusillades. (Dupont 2008, p.32) Lors de cette dernière catégorie, le commandant de la scène a une grande responsabilité quant aux procédures qui vont suivre avec le CCTI. C’est lui qui établira le premier contact sur le terrain et qui validera la menace afin de dresser un périmètre de sécurité. Il devra donc alimenter le centre en informations. (Dupont 2008, p. 36)

Le centre a ainsi pu faire ses preuves lors de la fusillade au collège Dawson en 2006. Il fut activé quelques minutes seulement après le début de l’incident, ce qui a permis d’orienter et de prendre les décisions pour les niveaux stratégiques. (Dupont 2008, p.29) Contrairement au tireur de Polytechnique, les policiers ont atteint par balles le tireur, faisant ainsi beaucoup moins de victime. Malheureusement, une étudiante perdit la vie, alors que 19 autres furent blessés.

Bref, malgré le fait que le Centre a été très dispendieux à construire, il est tout de moins essentiel pour une grande ville comme Montréal, où tout peut ce produire. En effet, ce dernier est en quelque sorte le Big Brother lors d’événements festifs, mais aussi lors de tragédie. Le CCTI permet aux policiers qui sont sur le terrain de voir des choses qu’autrement ils ne verraient pas. Même s’il reste plusieurs facettes inexplorées dans ce texte du Centre de Commandement et de Traitement de l’Information, cela nous permet de mieux comprendre, à mon avis, le rôle crucial que le Centre a joué et qu’il continuera à jouer.

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Bibliographie

DUPONT, Benoît. Communications Interoperability Technical Report: Évaluation du Centre de Commandement et de Traitement de l’Information (CCTI) du Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM), 2008, Montréal, 79 pages

MALOUF,  A. Rapport de l’enquête spéciale tenue sur les désordres qui ont fait suite à la conquête de la coupe Stanley par le club Canadien, 1993, Montréal, Gouvernement du Québec.