La mort d’Alain Magloire soulève la foule!

Il semblerait que depuis quelques années, les services de police de la ville de Montréal auraient de la difficulté à gérer une problématique très répandue dans leur ville. Il s’agit de l’itinérance. À Montréal, on dénombrerait, selon une étude des années 1998, 30 000 itinérants dans les rues. Moins de 50 % des itinérants seraient atteints de maladie mentale et environ 10 % souffrirait de troubles graves tels que la schizophrénie, des troubles bipolaires ou de dépression majeure. Ces statistiques démontrent que l’itinérance est un problème très présent et pour lequel plusieurs organismes ne cessent de lutter afin de soutenir les gens qui en souffrent. Au cours des trois dernières années, le SPVM causa la mort de trois d’entre eux. D’abord, il y a eu la mort de Mario Hamel et de Patrick Limoges en 2011, Farshad Mohammad succomba à ses blessures en 2012 et cette année le 3 février 2014, on constate la mort d’Alain Magloire. Afin d’approfondir cette problématique, j’exposerai en premier lieu les faits du 3 février dernier. Par la suite, je souhaite démontrer l’effet que la mort d’Alain Magloire a eu sur notre société contemporaine en terme de questionnements sur l’importance de changer nos méthodes d’interventions auprès des itinérants. Pour terminer, je discuterai des réactions des itinérants faisant face aux difficultés de la rue ainsi que des solutions concrètes étant proposées par l’organisme Mission Old Bewery.

C’est dans le centre-ville de Montréal aux alentours de 11 h qu’a eu lieu le drame. Un homme de 41 ans prénommé Alain Magloire était décrit comme un géant affectueux, il avait un diplôme en biochimie moléculaire à l’UQAM. Son frère confie que c’est suite à une consommation d’ecstasy que M. Magloire aurait développé des symptômes de maladie mentale et de paranoïa. Il aurait fracassé une vitre de l’hôtel où il logeait avant de déambuler dans les rues armé d’un marteau. Le service de police de Montréal ayant reçu un appel prévenant du danger qu’occasionnait l’homme se sont présenté sur les lieux et c’est uniquement à ce moment-là qu’ils ont fait appel à une auto-patrouille munie de «Teaser Gun».  Des témoins ont rapporté que l’homme n’aurait montré aucun signe de coopération. La situation aurait commencé à dégénérer quand l’homme aurait tenté de monter sur une auto-patrouille et tomber sur le côté. Une policière serait tombée à ses pieds et en se relevant, l’homme aurait brandi son marteau dans les airs. C’est à cet instant que les policiers ont fait feu sur la cible à quatre reprises, car les renforts ne sont pas arrivés à temps.

La mort d’Alain Magloire a engendré un mouvement de masse et de vieux questionnements de la part de la population. D’abord, des sympathisants ont organisé une veillée à la chandelle sur la place Émilie-Gamelin dans le but d’honorer la mémoire d’Alain Magloire. Le groupe souhaitait dénoncer la brutalité policière et le manque de ressources et de formations au sein du service de police en matière de santé mentale. Selon eux, l’intervention dont ont fait preuve les policiers devant la situation est incompréhensible. De plus, un itinérant qui se fait appeler Hilaire Cyr exprime qu’il est inquiet de constater à quel point les forces de l’ordre sont « rapide sur la gâchette ». L’homme s’est ouvert le cœur et nous a fait part des idées suicidaires que les itinérants vivent dans la rue. Selon lui, plusieurs d’entre eux s’enlèveraient la vie suite à des traumatismes causés par la violence dont peuvent parfois faire preuve les agents de la paix. Cette histoire cause beaucoup d’émoi à Montréal, un manifestant souligne le fait qu’il a bien de la misère à croire que six policiers ont eu de la difficulté à maîtriser un homme armé d’un marteau. Il reconnaît qu’en pareille situation, tout peut se passer très vite, mais tout de même, six policiers formés et avec de l’expérience de terrain contre un homme en crise. Cependant, une lueur d’espoir fut portée à nos oreilles lorsque Radio-Canada nous rapporta les paroles de Matthew Pearce dans leur reportage. M.Pearce  est directeur de la Mission Old Brewery, organisme qui a instauré un projet pilote appelé PRISM qui rend disponible les services de deux psychiatres, des infirmières et un travailleur social directement dans leur établissement. L’organisme fondé  en 1889, propose une foule de services aux personnes en difficulté tels que des services d’urgence, d’hébergement et d’accompagnement.

Le Mission Old Bewery accueille des sans-abri aux prises avec des difficultés différentes et qui vivent une inquiétude grandissante suite aux événements des trois dernières années. Parmi ceux-ci, un homme du nom de Stéphane Labrecque, dit avoir perdu la confiance qu’ils avaient en la police. Marcel Larochelle et lui ont peur que cela puisse leur arriver et ils ont de la difficulté à anticiper les réactions des corps policiers. La mort d’un itinérant en pleine rue constitue le premier symbole de la logique des vitres cassées. Cet événement génère de l’inquiétude auprès des citoyens qui tenteront d’éviter les lieux de l’incident. Peu à peu, des délinquants pourront envahir ces espaces devenus plus délabrés qui pourraient pousser le reste de la population à fuir. La fuite peut amener une colonisation grandissante et donc une criminalité beaucoup plus présente dans ce secteur c’est pourquoi il faut agir vite et regagner la confiance des citoyens.

L’organisme propose aussi des solutions pouvant faciliter le travail des policiers. M.Pearce rappelle l’importance pour les policiers d’être outillé lorsqu’ils doivent intervenir auprès de cette clientèle dangereuse et imprévisible. Le directeur s’est proposé auprès du SPVM pour donner de la formation, mais il n’a toujours pas obtenu de réponse claire. Toutefois, on nous informe que le SPVM serait muni d’une équipe multidisciplinaire en référence et en intervention auprès des sans-abri (EMRII), équipe composée d’intervenants du CSSS Jeanne-Mance et de policiers. L’équipe mobile de référence et d’intervention en itinérance du SPVM a pour but de contrer le phénomène de l’itinérance et de permettre une amélioration du suivi et de la cohérence des interventions dans le milieu de la rue.

En terminant, l’itinérance est une problématique qui doit être prise au sérieux, car l’insécurité engendre de la criminalité. Rappelons que les trois rôles de la police figurent dans le maintien de l’ordre, la proposition de service et l’application de la loi, il est important que l’image de celle-ci soit préservée dans le but de maintenir le contrôle social déjà en place. Trop d’histoires démontrent que si l’on ne fait rien, les gens perdront confiance en la police et en nos services d’urgences. Le mouvement populaire et les questionnements que la mort d’Alain Magloire ont générés doivent être entendus. En tant que société, on doit trouver de vraies solutions pour aider nos premiers répondants à intervenir auprès de nos itinérants.