Les ZSP, un modèle ?

La France a récemment changé ses méthodes en matière de lutte contre la délinquance. En septembre 2012 sont entrés en vigueur de nouveaux plans d’action contre la délinquance dans les quartiers où cette dernière avait lieu, ce qu’au ministère de l’Intérieur on appelle des «zones de sécurité prioritaires» ou ZSPImage

C’était une des promesses du nouveau gouvernement de s’attaquer à la délinquance. Pendant des années, comme dans beaucoup de pays d’Europe, les différents gouvernements ont appliqué une répression de la délinquance à un seul niveau.

Une fois l’acte commis, la police se concentrait sur ses auteurs. C’était de la répression classique et non de la prévention : seuls étaient concernés les services classiques qui traitent la criminalité, à savoir la justice et la police. Cependant, certains endroits étaient devenus des zones de non-droit où même la police refusait d’entrer. Face au constat d’échec et de hausse des chiffres de la délinquance, le nouveau gouvernement a décidé de changer de méthode pour lutter contre «l’enracinement de la délinquance».

Le constat principal était le suivant : la délinquance a lieu dans des zones où on peut constater un sentiment important d’insécurité et de forts déséquilibres socio-économiques. Dans certaines banlieues françaises, le taux de chômage pour les moins de 18 ans atteignait presque les 50%. Les ZSP ont donc pour mission de se focaliser sur des zones précises en proie à la délinquance. À l’inverse des précédentes politiques où les ordres étaient donnés de Paris pour tout le pays en matière de police, dorénavant les services locaux possèdent une plus grande marge de manœuvre. On a souhaité tenir compte des particularismes sociaux des zones visées : taux de chômage, situation géographique, population visée.

 Les ZSP fonctionnent en concentrant les efforts sur deux paliers d’action. L’un sur la répression, l’autre sur la prévention:

Le premier niveau est la coordination de tous les services de police ayant compétence sur la zone visée : police judiciaire, CRS, police municipale, gendarmerie. Tous les services communiquent et mènent des enquêtes en étroite collaboration. C’est une mutualisation des capacités pour la phase classique de répression de la délinquance. Cela passe aussi par une augmentation d’effectifs policiers à l’échelle nationale (+500 policiers) pour les concentrer sur les ZSP, ces zones disposent de plus de moyens humains que le reste du territoire.

Le second niveau est un niveau de prévention et c’est là la réelle nouveauté. On cherche à faire participer la société civile à la prévention de la délinquance : les bailleurs sociaux, les villes, la justice, les médiateurs et les élus locaux. On axe la lutte sur la prévention de la délinquance en évitant de mettre la population au pied du mur. On cherche aussi à faire plus preuve de compréhension en luttant à l’origine de la délinquance.

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L’objectif final est d’augmenter les conditions de vie pour faire baisser la délinquance. En amont, les organismes publics font du cas par cas d’un point de vue social, on s’adapte aux particularités de chaque personne. En outre, la police est plus présente et moins axée sur la répression, c’est un retour à la police de proximité avec un penchant communautaire. Cette police communautaire est composée de plusieurs services qui agissent main dans la main.

Mais qui dirige ces ZSP?

Elles ont à leur tête les préfets qui coordonnants tous les services de l’État, comme la police et la gendarmerie. Le préfet permet de saisir l’ensemble des services l’État et de les faire travailler ensemble, c’est une nouveauté puisque précédemment chaque service s’occupait de ses affaires.

La question principale reste la suivante : quels résultats?

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Apparemment, ils sont encourageants, malgré la jeunesse du programme et donc, le manque de recul, certains médias évoquent une hausse de 38% des actions contre le trafic de drogue,

-27% de violences dans les villes ciblées et une diminution des cambriolages de 3%. Sur les 64 formées en 2012 on souhaite en rajouter 16 qui entreront en vigueur en 2014.

Cependant, ce nouveau modèle de répression de la délinquance n’est pas à l’abri des critiques. En temps de difficultés économiques où les recrutements de fonctionnaires sont moins nombreux, certains évoquent une délocalisation des policiers. Les recrutements nationaux n’augmentent pourtant pas les effectifs de police alors que dans les ZSP, l’augmentation du nombre de policier est important comparativement à d’autres villes moins prioritaires. D’où certaines critiques puisqu’il s’agirait finalement de baisser les effectifs de certaines régions pour augmenter ceux des ZSP. Au final, la France «déshabille»-t-elle certaines zones de policiers au profit d’autres ?

Malgré la jeunesse de cette politique, les résultats sont encourageants au point que le nombre de ZSP devrait approcher la centaine en 2015. Ces résultats permettront ainsi de dire si les ZSP pourraient devenir un modèle pour d’autres pays.