L’arrestation d’El Chapo : une collaboration policière efficace entre le Mexique et les États-Unis.
Arrêté le 22 février 2014 par les marines mexicains (appuyés par des agents de la DEA et des US Marshals) à Mazaltan (Mexique) , Joaquin « El Chapo » Guzman était présenté comme le narcotrafiquant le plus influent depuis la disparition du trafiquant de drogues colombien Pablo Escobar, mais il était également présenté comme l’homme à abattre du cartel mexicain de Sinaloa.
Cette arrestation a été le fruit d’une collaboration profonde entre les services de police mexicaine et les agences spéciales des États-Unis que sont la DEA ( Drug Enforcement Administration ), l’agence de la police fédérale du ministère de la justice (US Marshals) et les services de l’immigration des États-Unis (ICE) . Cette opération a connu deux phases : l’une menée directement par les services spéciaux des États-Unis et la seconde menée conjointement avec les forces spéciales mexicaines.
L’aspect technique de l’opération organisée par la DEA
Ayant réussi à faire infiltrer par un de ses agents le cartel de Sinaloa au cours de l’été 2013, la DEA est mis au courant par son informateur fin octobre 2013 de la présence régulière aux États-Unis du fils d’Ismael « El Mayo » Zambada , l’un des principaux lieutenants d’ « El Chapo » . Disposant de cette information, la DEA a été capable d’arrêter en novembre 2013 à Nogales Serafin Zambada Ortiz. Une arrestation qui leur a permis de recueillir des informations précieuses sur les échelons supérieurs du cartel de Sinaloa et sur les lieux potentiels de résidence d’« El Chapo » . Dans le même intervalle de temps, par le biais de son informateur, la DEA a fait mettre sur écoute les téléphones des principaux lieutenants de J. Guzman http://www.lapresse.ca/international/amerique-latine/201402/23/01-4741730-el-chapo-trahi-par-un-telephone-mobile.php . Une série d’écoutes qui leur a permis d’être mis sur la piste du lieu de résidence de J. Guzman. De fait, ils ont appris au travers de ces écoutes que J. Guzman serait présent dans les villes mexicaines de Culiacan et de Mazaltan. Une information capitale que la DEA a décidé de partager avec les marines mexicains au début du mois de février 2014 dans l’objectif de coordonner les actions à mener entre forces de police mexicaines et américaines.
C’est à partir de ce partage d’informations qu’a débuté la véritable traque du narcotrafiquant sous la responsabilité des forces de sécurité mexicaines.
Une opération tactique ,appuyée par la logistique des Etats-Unis , sous la responsabilité des Marines mexicains
A partir du 16 février 2014 , les marines mexicains lancent des raids successifs contre les caches connues d’« El Chapo » . Des caches au sein desquelles ils retrouvent près de trois tonnes de drogues (méthamphétamine et cocaïne notamment) ainsi que des armes ou encore des véhicules blindés. Toutefois, J. Guzman, par un ingénieux système de trappes cachées sous la baignoire est parvenu à s’échapper. Malgré ce premier échec, les marines mexicains parviennent, avec l’appui des données transmises par la DEA, à arrêter l’assistant de J. Guzman , Mario Lopez Osario à Nogales (Arizona). Ce dernier avouera alors aux forces spéciales mexicaines avoir récupéré J. Guzman et l’avoir aidé à fuir en direction de Mazaltan.
Par ailleurs, le 20 février 2014, un drone de la DEA survolant Mazaltan a intercepté une discussion entre Guzman et l’un de ses lieutenants. Une information directement transmise aux forces spéciales mexicaines leur permettant de monter une opération tactique en coopération avec des agents de la DEA et des US Marshals.
Finalement, le 22 février 2014, J.Guzman est interpellé par un commando de marines mexicains appuyé par les agents américains présents sur place.
Une opération couronnée de succès qui semble donc démontrer la capacité pour les services de police mexicaines et américaines de se coordonner lors d’opérations sur le terrain. C’est à l’occasion de cette appréhension que le procureur général des États-Unis, Eric Holder, a dit : « C’est une victoire pour les citoyens du Mexique et pour les citoyens des États-Unis ». Un succès qui semble également montrer que face aux problèmes engendrés par la drogue, le Mexique et les États-Unis doivent faire face ensemble. Toutefois, l’arrestation de J. Guzman ne règle pas de manière définitive la question du narcotrafic au Mexique. En fait, à peine arrêté, « El Chapo » avait déjà été remplacé à la tête du cartel de Sinaola. Un remplacement qui laisse supposer que la vague de criminalité frappant le Mexique n’est pas sur le point de s’achever. Mais un remplacement qui augure également le potentiel renforcement des actions communes entre forces de police mexicaines et américaines.