Le SPVM et l’itinérance, une problématique de société
En tant que citoyens, nous avons tous des intérêts diversifiés et de nature différente en ce qui concerne notre société. Certains d’entre nous s’intéressent à la politique, d’autres à la justice et quelques-uns accordent une attention toute particulière à la criminalité et aux services de police. On entend souvent parler d’événements tragiques impliquant des citoyens et des agents de la paix dans les plates-formes médiatiques et parfois, certaines histoires ébranlent nos stéréotypes liés aux policiers héroïques envoyant les méchants en prisons, comme lors de la fusillade qui a eu lieu à Montréal le 7 juin 2011 qui provoqua la mort de Mario Hamel et de Patrick Limoges. Dans les faits rapportés, Mario Hamel était un itinérant dangereux atteint de trouble de santé mentale en situation difficile. Il aurait menacé d’un canif deux policiers qui tentaient de l’intercepter et une balle perdue a atteint Patrick Limoges qui se rendait travailler à l’hôpital St-Luc. Le drame s’est joué à l’angle des rues Christin et Saint-Denis à Montréal.
Cette histoire mérite d’être approfondie, c’est pourquoi j’exposerai l’opinion des proches de Mario Hamel et de Patrick Limoges. Par la suite, je présenterai ce qui s’est dit sur la version des policiers et le rapport du coroner. Pour clore le tout, je donnerai mon opinion sur le contenu rapporté dans cette actualité.
Avant d’aller plus loin, il faut comprendre qu’un partenariat existe entre les services de police et les médias. Ce partenariat permet aux médias d’obtenir de l’information auprès des policiers et donc, il faut considérer que l’information contenue dans les médias peut être contrôlée. Dans un article paru dans le devoir, on peut lire des témoins qui affirment que Mario semblait fou et très dangereux pendant les jours qui ont précédé sa mort.
Apparemment que le jour même, il souhaitait rendre visite à ses enfants et que son ami aurait refusé de lui prêter son camion pour le faire. Il aurait donc transpercé les pneus de ce camion et il aurait saccagé plusieurs sacs-poubelle entre les rues Hôtel-de-Ville et Sanguinet. Un ami de la victime a confié que Mario était très agité et qu’il avait un couteau « style Rambo » de 12 pouces. Dans un autre article paru sur le site de Radio-Canada, la mère de Mario semblait dire qu’il avait déjà eu plusieurs problèmes avec la police et elle est convaincue que si son fils avait eu des soins appropriés, il aurait pu être un homme extraordinaire. Elle trouve insensé que l’on n’ait jamais forcé son fils à se médicamenter pour atténuer ses problèmes de santé mentale. Dans le même article, on mentionne que selon certaines personnes, les policiers manqueraient de formations pour gérer les personnes atteintes de troubles de santé mentale. L’ex-conjointe de M. Hamel raconte que celui-ci avait déjà proclamé des menaces de mort contre sa mère et avait produit des dégâts importants dans la cour arrière de celle-ci. Suite à cet événement, Mario aurait dû être conduit à l’hôpital parce que selon elle, il allait très mal. Elle pense aussi que les policiers qui sont intervenus ce jour-là auraient dû regarder le dossier de monsieur afin de mieux adapter leur intervention puisqu’il était déjà, à l’époque, très dangereux. Plusieurs versions subsistent pour expliquer comment s’est déroulée cette fusillade.
Le site collectif opposé à la brutalité policière rapporte que les policiers affirment avoir fait feu sur monsieur Hamel lorsqu’il leur faisait face, mais dans ce même article, le rapport du coroner stipule qu’il aurait été atteint dans le dos. Par contre, d’après zone 911, les policiers auraient répondu à un appel concernant un homme qui éventrait des sacs-poubelle à l’aide d’un couteau sur la rue St-Denis. Quatre policiers se sont rendus sur les lieux. Ils auraient d’abord tenté de raisonner Monsieur Hamel, puis ils l’auraient aspergé de poivre de Cayenne pour tenter de le maîtriser, mais sans résultat. L’homme aurait bondi sur les policiers et deux d’entre eux auraient fait feu. Une balle ayant ricoché sur le trottoir aurait atteint M. Limoges. M. Hamel est décédé d’un traumatisme par arme à feu et M. Limoges est mort des suites d’un traumatisme craniocérébrale en dépit des efforts de l’équipe médicale pour tenter de le sauver.
Cependant, le rapport du coroner, selon zone 911, ne mentionne pas l’endroit où la ou les balles on atteint le contrevenant. Il semble donc difficile d’obtenir la véritable version des policiers, on peut cependant supposer que certaines sources sont plus fiables et objectives que d’autres. Toutefois, dans tous les articles, on fait état de la santé mentale de M. Hamel et de son refus à se soigner. On mentionne aussi que les policiers manquent de formation pour intervenir auprès des citoyens atteints de maladie mentale, de troubles psychotiques ou de toxicomanie.
Selon moi, cette histoire soulève de nombreuses controverses au sujet de l’intervention policière et des procédures liées au protocole concernant l’utilisation de l’arme à feu. Rappelons qu’un innocent s’est fait enlever la vie par un agent en service. De plus, il est intéressant de mentionner que la première mission des policiers est de prévenir la criminalité et en second lieu, d’arrêter les criminels. Dans ce cas-ci, ils ont échoué leur première mission, car ils n’ont pas été en mesure de recommander Mario Hamel au bon professionnel. Suite à leur intervention, ils ont aussi échoué leur seconde mission, puisqu’ils ont fait feu sur leur cible. Évidemment, il n’est jamais facile de confronter une personne comportant un niveau si élevé de dangerosité, c’est pourquoi je pense qu’il serait approprié d’augmenter la formation des policiers en santé mentale et en tir d’arme à feu. Zone 911 propose aussi de poursuivre les recherches sur les tactiques et stratégies d’interventions, ce qui permettrait de personnaliser celles-ci aux besoins et aux difficultés de la population selon les secteurs.
En terminant, je considère qu’il est impératif de donner le bénéfice du doute aux policiers qui sont intervenus dans cette histoire parce qu’ils ne possèdent pas de manuel de procédures strict pouvant s’appliquer aux événements de leur quotidien. Je crois que cet incident nous amène à nous questionner en tant que société au sujet de l’importance que nous voulons accorder au suivi médical des individus vivant des troubles de santé mentale. Est-ce que nous acceptons qu’un individu vivant des troubles de santé mentale sévère puisse refuser une médication qui lui permettrait d’améliorer sa situation? Bien que nous soyons dans l’impossibilité d’aller à l’encontre de la volonté d’une personne, on peut sans doute faire quelque chose. Le fait est qu’un individu nécessitant des soins médicaux importants fût tué dans la rue où se trouve un hôpital, hôpital dans laquelle travaillait un infirmier innocent, décédé des suites d’une balle perdue.