Opération «Pastille», une petite victoire dans la lutte contre le crime organisé

Le crime organisé est une menace à long terme pour l’État, notre société ainsi que nos institutions. Ce type de crime ne se limite pas qu’à un seul champ d’activités criminelles et une seule région, il est présent partout au travers du pays. Le crime organisé agit comme une entreprise, c’est-à-dire qu’il s’assure le monopole de la production, de la distribution et de la vente de produits illicites. Au Canada, le marché des drogues illicites demeure le plus important. De plus, celui-ci s’adapte aux nouvelles technologies ainsi qu’aux changements dans la société dans laquelle il évolue. C’est pourquoi plusieurs instances étatiques doivent partager leurs renseignements et collaborer, en équipe, pour assurer la sécurité de la population et combattre le crime organisé.

La lutte contre le crime organisé se perpétue depuis longtemps. C’est pourquoi la Sûreté du Québec, la GRC et ainsi que plusieurs unités spécialisées, notamment à Montréal, s’activent et s’entraident pour lutter contre ce phénomène. Leur mandat est de lutter contre le crime organisé, principalement de souche québécoise et s’échelonnant sur une base interrégionale jusqu’au plan international, en attaquant ses racines les plus actives. La Sûreté du Québec a pour but de contrer les activités des gangs de motards du Québec, du crime organisé traditionnel et du phénomène est-européen. La GRC s’attaque aux têtes dirigeantes du crime organisé d’origine italienne, autochtone et sud-américaine. De plus, le SPVM lutte contre le phénomène de gangs de rues. Leurs champs d’activités gravitent autour du gangstérisme, du trafic de drogues illicites (importation, production et possession), d’armes à feu, etc. C’est en collaborant que la police met sur place des opérations coup de poing et s’attaque directement aux racines du crime organisé.

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C’est pourquoi, après plusieurs autres opérations, le 4 et le 5 avril 2011, il y a eu l’opération «pastille», au Saguenay-Lac-Saint-Jean ainsi que dans les régions environnantes. Le but de cette opération était d’arrêter les membres d’un important réseau de trafic de stupéfiants. N’ayant pas eu d’opération de cette envergure depuis quelques années, près de 200 policiers se sont mobilisés pour mettre en oeuvre celle-ci, notamment des enquêteurs, des patrouilleurs et des membres de plusieurs unités spécialisés, entres autres l’Escouade régionale mixte (ERM) du Saguenay, créé le 15 mars 1999 à cet effet. C’est dans cette opération méconnue mais fructueuse que deux cellules importantes ont été démantelées à Jonquière et dans le nord du Lac-Saint-Jean. Les policiers ont procédé à 48 arrestations, dont quelques têtes dirigeantes du réseau. 37 perquisitions ont eu lieu, contenant de la cocaïne, des méthamphétamines, de l’ectasie et du cannabis. Le capitaine Mario Bouchard s’est exprimé, en conférence de presse, sur le fait que ce réseau était relié aux Hell’s Angels et à la mafia italienne. Une dizaine des personnes arrêtées, durant l’opération, purgent présentement des peines de pénitenciers.

À la suite de cette opération, des accusations d’entrave à justice et abus de confiance ont été portées contre un policier de la Sûreté du Québec, M. Claude Cinq-Mars. Celui-ci est soupçonné d’avoir divulgué des informations importantes traitant de l’opération, qui n’avait pas encore eu lieu. Ces gestes reprochés se seraient produits en 2010. Ce n’est pas sans se rappeler l’opération «SharQc», où l’un des principaux enquêteurs, M. Benoit Roberge, a été arrêté pour avoir divulgué des informations visant à ruiner les enquêtes à venir. Cette opération, qui a eu lieu le 15 avril 2009, a été menée par la Sûreté du Québec, en collaboration avec la Gendarmerie Royale du Canada ainsi que les Escouades mixtes régionales et a permis de s’attaquer à un groupe de motards criminels.

L’une des raisons pourquoi le crime organisé est si difficile à enrayer est-elle la présence de « taupe » dans le milieu policier? L’appât du gain est-il plus fort que la notion de justice? Les organisations criminelles telles que les motards, la mafia, les gangs de rue, sont des moyens de faire beaucoup d’argent illicitement et facilement. Ce n’est pas étonnant que certains représentants de l’ordre puissent être attirés vers ces méthodes illégales, puisque le crime organisé est présent partout. Nous y sommes exposés constamment sans toutefois y participer activement.

L’image de la police a quelques fois été tachée par ces individus participant à des activités illégales. Sommes-nous certains que nos représentants de l’ordre sont vraiment au service de la population et de l’État? Devrait-il y avoir une police pour surveiller la police? Comment savoir si les plus hautes instances qui nous gouvernent ne trament-elles pas dans le crime organisé? Bref, la lutte contre le crime organisée est perpétuelle et je crois que c’est impossible d’éradiquer complètement l’ensemble de ces activités illégales. L’important est de développer plusieurs stratégies pour réduire l’ampleur de ces réseaux et de protéger la population.