Facebook… «j’aime»?
Bonne fête Facebook!
Aujourd’hui, Facebook a 10 ans. On peut dire qu’en quelques années, ce réseau social a vraisemblablement influencé l’utilisation que les gens font d’internet et de leurs informations personnelles… et publiques. Maintenant, «tout le monde» utilise Facebook à sa façon: amis, parents, grands-parents, étudiants, médias, patrons, entreprises, criminels…
Beaucoup d’histoires publiées sur Facebook prennent des proportions inimaginables et imprévues par ceux qui les écrivent. C’est le cas de cette jeune fille de Baie-Comeau qui, jeudi le 23 janvier dernier, a publié sur Facebook qu’elle avait été poignardée à plusieurs reprises. Elle disait que le drame s’était passé dans la rue et que son agresseur portait une cagoule.
Quelques clics plus tard, la nouvelle se répandait sur Facebook. Cette dernière a créé beaucoup d’insécurité pour bien des citoyens de cette petite ville. La Sécurité du Québec a alors été alertée et n’a eu d’autre choix que d’ouvrir une enquête. Les policiers en sont venus à la conclusion que cette histoire n’était qu’un canular monté par la jeune fille. Beaucoup d’émoi pour peu!
Le dossier fut donc transmis au bureau du Directeur des poursuites criminelles et pénales. L’adolescente est accusée de méfait public pour avoir déclenché une enquête policière inutilement. Suite à cela, un mandat d’arrestation a été émis contre elle, puis elle s’est rendue elle-même à la police.
On sait qu’il en faut parfois peu pour que le public ne se sente pas en sécurité. On ne sait pas qu’elle intention la jeune fille avait en publiant un tel mensonge sur Facebook. On sait toutefois que plusieurs citoyens craignaient une attaque de «l’agresseur» et que le conseiller municipal a rapporté avoir reçu une dizaine d’appels et messages de gens lui signifiant leurs craintes.
«On se veut rassurant auprès de la population, la sécurité des résidants n’a jamais été compromise.» a affirmé la porte-parole de la Sécurité du Québec, Nathalie Girard.
Avec les réseaux sociaux, l’information se propage à une vitesse si grande, que les services de police doivent réagir en un quart de tour, sinon la nouvelle devient exagérée. Les gens qui sont tentés de «crier au loup» doivent y penser deux fois avant, sous peine de réprimandes judiciaires et sociales graves. Le geste de la jeune fille n’est pas anodin, mais aurait-il eu les mêmes répercussions sans l’effet boule de neige de Facebook? La police subit-elle conséquemment des pressions pour agir de manière plus sévère avec les délinquants du net? Le fait que tous les yeux soient tournés vers eux ne leur laisse probablement pas une grande marge de manœuvre dans leurs possibles réactions face à ces situations.
Encore énormément de gens n’ont pas conscience de la portée de leurs propos et croient que leurs informations sont transmises seulement à ceux qu’ils le veulent. En janvier dernier, en Pennsylvanie, un homme recherché pour voies de fait a été arrêté en moins de deux heures, après qu’il ait publié lui-même son avis de recherche, se croyant invincible… À partir d’un faux compte, un agent lui a tout simplement donné rendez-vous pour le cueillir.
Il faut dire que cet homme n’a pas fait preuve d’une grande intelligence ou du moins une grande discrétion. Il était facile pour les forces policières d’obtenir les renseignements qu’il a publiés.
Dans un autre ordre d’idées, il faut savoir que les agences de renseignements ont accès à des informations que beaucoup d’utilisateurs préféreraient garder secrètes.
En effet, les compagnies telles que Google, Facebook, Yahoo, etc. doivent se soumettre aux demandes des agences de renseignements telles que la NSA (qui est l’objet d’un billet précédent de ce blogue). Ces compagnies viennent récemment de publier le nombre de requêtes de renseignements de la NSA sur ses utilisateurs. Facebook affirme avoir reçu entre 4 à 6000 requêtes par tranches de 6 mois pendant la dernière année.
Le débat est enclenché, où doit-on tracer la ligne entre vie privée et sécurité? Qu’est-ce qui est de la protection et qu’est-ce qui est de l’abus?
Julie Trottier-Joseph
http://tvanouvelles.ca/lcn/judiciaire/archives/2014/01/20140130-160040.html
http://www.cbc.ca/news/world/google-facebook-other-firms-release-data-on-nsa-requests-1.2522301