Les portiers; où se trouvent les limites?

L’évènement s’est produit à Drummondville dans la soirée du 1 au 2 octobre 2004 au bar Ice-Club du 154 rue Lindsay. Fernand Paquette, un client du bar Disco, a été expulsé de l’établissement au cours de la soirée en raison de son comportement inadéquat. L’homme de 40 ans est malgré tout retourné sur les lieux un peu plus tard. C’est à ce moment que le portier, Steve Marcotte, a usé de force qualifiée d’ « excessive » pour faire sortir de nouveau le client. Ce dernier gisait inconscient devant les portes du club lorsque les policiers sont arrivés pour lui venir en aide. Rapidement amené à l’hôpital, Fernand Paquette est resté 12 jours dans le coma avant que son décès soit constaté le 13 octobre 2004. Le portier de 37 ans a alors été arrêté, puis accusé d’homicide involontaire pour avoir utilisé une force exagérée qui causa la mort d’un individu.

Steve Marcotte a plaidé coupable aux accusations qui pesaient contre lui au Palais de justice de Drummondville le 22 juin 2006. Ce dernier a écopé d’une sentence de deux ans moins un jour à purger au sein de la collectivité. La famille du défunt, qui demandait une peine d’emprisonnement de 10 ans,  trouvait la sentence beaucoup trop clémente. Le juge Conrad Chapdelaine a justifié cette peine par le fait que le geste posé restait dans le but, non de tuer, mais de mettre un client ivre et dérangeant pour autrui hors d’état de nuire. Notons que M. Marcotte n’avait aucun antécédent judiciaire et que le magistrat a qualifié ses possibilités de réhabilitation comme excellentes. Ce dernier avait d’ailleurs démontré beaucoup de remords et de culpabilité suite à cette tragédie.

D’un point de vue légal, le métier de portier-videur est davantage réglementé seulement depuis 2010, où une formation qui recouvre plusieurs aspects  importants de ce métier, est nécessaire pour pouvoir exercer ce métier dans les bars. En effet, le gouvernement a mis en place une loi sur la sécurité privée visant à protéger davantage le public en 2006. La Loi soumise au code de la sécurité intérieure a été mise en vigueur en 2010. Par contre, ceux qui travaillaient déjà dans le domaine de la sécurité comme portier avant cette réglementation n’ont pas été soumis à l’obligation de suivre cette formation. Cependant, le travail fait par ceux-ci est généralement bien évalué et surveillé par les forces policières quand ceux-ci doivent se rendre sur les lieux. D’ailleurs, la présence de plusieurs témoins et de leur compte-rendu exigé par la police devrait rendre leurs actes plus transparents.

On donne toutefois la responsabilité aux portiers de surveiller, d’assister ainsi que de contrôler la sécurité des lieux. Ce sont eux qui doivent faire figure d’autorités et donc, intervenir si nécessaire, et ce, dans le but de veiller à la sécurité de tous, clientèle comme employés de l’établissement. Ils doivent montrer une certaine autorité dans l’optique de dissuader la commission de délits et rassurer les personnes présentes en assurant la bienveillance de la soirée. Dans le monde festif des bars, l’ambiance est toutefois assujettie à certains excès qui parfois doivent nécessiter une intervention, et qui peuvent aller jusqu’à la maîtrise d’un individu. Par contre, la verbalisation et la négociation devraient en général être préconisées. La force jugée comme « nécessaire » ne devrait être qu’en dernier recours. En théorie, on ne devrait jamais aller au-delà de l’immobilisation de l’individu, de son expulsion des lieux et de sa surveillance et son contrôle jusqu’à l’arrivée des policiers.

Une personne intoxiquée devrait être perçue davantage comme un cas de détresse qu’une menace potentielle, dépendamment de son comportement envers autrui. Dans ce cas précis, M. Paquette, qui semblait être en état d’ivresse, aurait peut-être nécessité une certaine assistance plutôt qu’une intervention musclée. Selon moi, la première qualité en tant que bon représentant de la sécurité, est le jugement adéquat que porte ce dernier à chacune des situations. Évidemment, ce métier doit garder une certaine forme d’autorité, les portiers restant, pendant leur absence, « l’extension » de la police. Il peut arriver que certaines situations, qui surviennent fréquemment dans les bars où l’alcool et autres substances coulent à flot, dégénèrent et requièrent l’intervention parfois physique de ceux responsables de la sécurité. Par contre, le fait de maintenir un individu hors d’état de nuire jusqu’à l’arrivée des forces policières, ne doit pas dépasser outre le niveau de garde et maintien. Le fait d’exagérer de ce droit est inacceptable, tout comme il l’est du côté des forces de l’ordre. Je crois que cette arrestation montre bien qu’il y a eu des abus et qui malheureusement ont coûtés la vie d’un homme. La peine octroyée à Steve Marcotte, quoique trop clémente aux vues d’une famille endeuillée, me semble adéquate, car, bien que l’intervention effectuée auprès de M. Paquette ait été largement exagérée, elle n’avait pas pour objectif de donner la mort de celui-ci. La mise en place d’une réglementation était ainsi nécessaire, car d’autres événements malheureux ont certainement eu lieu avant celui-ci, et je l’espère, permettra d’en éviter plusieurs dans le futur. Ceci est une triste démonstration des  graves conséquences entraînées par les gestes posés par un représentant de l’autorité, tout en évoquant l’importance d’user d’un jugement professionnel.