Condamné par l’armée canadienne, embauché par GardaWorld

Daniel Ménard, ex Brigadier-Général de l’armée Canadienne travaille maintenant pour un géant mondial de la sécurité privée, la firme GardaWorld.

On se rappellera que l’ancien militaire a pris sa retraite de l’armée Canadienne dans la controverse en 2011. Il a en effet été reconnu coupable en cour martiale de comportement préjudiciable au bon ordre et la discipline. Plus précisément, il a entretenu une relation intime avec une subordonnée lorsqu’il était en mission pour l’armée canadienne en Afghanistan.

Depuis, il est le directeur général pour GardaWorld en Afghanistan. Selon le site internet de GardaWorld (http://www.garda-world.com/) la compagnie travaille en Afghanistan depuis 2004 pour le gouvernement Afghan dans différentes sphères de la sécurité. Les services offerts par GardaWorld en Afghanistan sont loin de notre conception habituelle du gardien de sécurité. Ils font beaucoup plus que de surveiller une porte ou de tenter de prévenir le vol à l’étalage. En effet, il est connu que les compagnies de sécurité privée offrent des services très variés qui incluent des services qui s’apparentent aux services offerts par les services de police tel l’enquête, la patrouille et autres. Par contre, Garda et plusieurs autres compagnies de sécurité privées internationales offrent des services qu’on pourrait pratiquement qualifier de militaires. En Afghanistan, Garda travaille à la gestion d’opérations de sécurité et d’infrastructures et offrent des équipes d’entraînement.

En consultant leur site, il est possible de constater que les services qu’ils offrent sont effectivement très variés; sécurité statique et mobile, consultation sur la sécurité, service de protection rapprochée offerte par des anciens membres des forces spéciales britanniques et américaines, service de surveillance et l’information sur les menaces potentielles (voir le lien suivant pour un exemple de rapports de sécurité d’un pays offert par Garda :(pdf), entraînement, gestion et prévention de crise, gestion du risque et support logistique. Ils opèrent ces services dans les secteurs diplomatiques, de la défense, du développement, du pétrole et des infrastructures. Cette variété de services est en ligne directe avec la volonté du Président de Garda, Stéphan Crétier. En entrevue au magazine Macleans, il affirme que son entreprise est le Wal-Mart de la sécurité; vous pouvez donc retrouver sous le même toit tout ce dont vous avez besoin en terme de sécurité. À quand les chutes de prix!!?? Particulièrement en Afghanistan, ils offrent ces services en prétendant qu’ils sont de vrais amis de l’Afghanistan et qu’ils sont un acteur-clé dans les efforts internationaux de stabilisation de la région. Cette déclaration de l’entreprise est surprenante quand on sait que les compagnies de sécurité privée ne s’intéressent pas à la réduction de la criminalité ou au maintien de l’ordre au sens conventionnel du terme.

Il est évident que pour GardaWorld l’embauche de Daniel Ménard leur confère un atout dans ce marché émergeant et assure une crédibilité aux services qu’ils offrent dans cette région sensible du monde. Monsieur Crétier, président de Garda, a nommé clairement ce fait lors de son entrevue au Macleans. L’ancien numéro 1 de l’armée canadienne en Afghanistan possède une expertise unique du terrain car, il y a œuvré pendant quelques années. De plus, son parcours de militaire dans cette région fait qu’il connaît les problèmes de sécurité, aussi, il a possiblement développé un réseau de contact sur le terrain auprès des différents acteurs qui y sont présents comme les armées canadiennes, américaines et afghanes ainsi que dans les services de police locaux. Bref, les clients se paient un expert en sécurité, ils n’achètent pas de la sécurité. Ils achètent de GardaWorld son expertise et son bagage ce qui pourrait produire de la sécurité. Cela confère un avantage concurrentiel indéniable pour l’entreprise dans le marché Afghan de la sécurité. Comme le but de toute compagnie de sécurité privé n’est pas le maintien de l’ordre, mais la recherche de profits, d’avoir au sein de son équipe d’anciens militaires, policiers ou autres permet à l’entreprise de décrocher plus de contrats et ainsi faire plus de profits.

Seul ombre au tableau, selon plusieurs médias, (Toronto Star, HuffPost, Golbe&Mail) Daniel Ménard a été arrêté et placé en détention par les autorités Afghanes à sa sortie d’une réunion avec ces derniers. Certains médias prétendent qu’il serait accusé de possession d’une importante quantité d’armes automatiques et de matériel de transmission. Ce qui ne serait pas surprenant étant donné les opérations de sécurité qu’il gère en Afghanistan. Le porte-parole de GardaWorld affirme cependant que toute cette histoire n’est qu’un malentendu en lien avec le permis d’opération de la compagnie en Afghanistan. Par contre, on peut se demander si son arrestation n’est que seulement en lien avec une formalité administrative, pourquoi est-il toujours détenu par les autorités Afghanes près d’un mois après son arrestation? Cela démontre comment les relations entre les compagnies de sécurité privées et les autorités formelles peuvent être complexes. Daniel Ménard et Garda auraient-ils outrepassés leurs mandats et ainsi joué dans le champ d’action des autorités Afghanes? Car, peut importe où on se trouve dans le monde, les institutions de contrôle social formelles n’aiment pas partager leur travail avec les agences de sécurité privées.