Une mort suspecte dans le secteur Neufchâtel
Pour la très (très très) forte majorité des habitants de la ville de Québec, l’homicide n’est qu’un phénomène qui n’arrive que dans les « grandes » villes, donc pas dans notre paisible village ! Loin de faire partie intégrante du quotidien des résidants de la capitale provinciale, l’avènement d’un tel crime est quelque chose d’exceptionnel et pour les malencontreuses fois où il se produit, il ne passe pas sous silence. Alors qu’entre 2000 et 2009 on enregistrait une moyenne de 59 meurtres par année dans la ville de Montréal, la ville de Québec peut se « réjouir » de sa faible moyenne de 5 meurtres par année (sans oublier 2007, année vierge d’homicides).
Toutefois, il est déjà possible d’affirmer que l’année 2014 ne sera pas aussi étincelante que l’a été 2007. En effet, le dimanche 2 février aux alentours de 7h, le décès de Ianick Saindon, un homme de 25 ans, a été constaté dans un centre hospitalier de la région de Québec, ce dernier ayant succombé à une multitude de blessures au thorax causées par une arme blanche. Bien que les enquêteurs n’aient pas écarté la thèse du suicide au cours de leur enquête, un homme de 21 ans, Samuel Simard, a été arrêté et accusé de meurtre non prémédité au palais de justice de Québec lundi (3 février) après-midi.
Au petit matin de dimanche (2 février), Saindon aurait été aperçu dans un immeuble résidentiel de la rue Patelin à Neufchâtel où, aux dires de certains, la porte d’un des logements aurait été défoncée. L’homme dans la vingtaine aurait ensuite quitté l’édifice pour se diriger sur la rue des Passereaux, connexe à la rue du Patelin, d’un pas plutôt irrégulier et chancelant, pour s’arrêter dans le portique d’un immeuble résidentiel de la rue voisine. C’est à ce moment qu’une résidente de cet immeuble, inquiétée par le vacarme, a décidé de jeter un coup d’œil dans la cage d’escalier. Suite à la découverte de Saindon et de ses blessures, la dame a immédiatement contacté les urgences pour faire mention de la situation. Nancy Roussel, porte-parole du Service de Police de la Ville de Québec, décrit l’événement : «la dame qui nous appelle nous mentionne que dans l’immeuble où elle réside, il y a du bruit. Lorsqu’elle va vérifier, elle voit qu’un homme est mal en point au niveau du portique». L’homme a par la suite été transporté par les ambulanciers dans un centre hospitalier avoisinant où son décès a été constaté quelques instants après son arrivée.
Devant l’incompréhensibilité de la scène, les patrouilleurs qui ont effectué leur rôle de réponse aux urgences ont laissé place à l’Unité des crimes majeurs et l’Unité de l’identité judiciaire du Service de Police de la Ville de Québec. Ceux-ci, qui ont le rôle de faire enquête et de trouver les suspects pour procéder à leur arrestation, ont eu du fil à retorde à élucider les circonstances de la mort de Saindon, n’écartant pas la thèse du suicide au cours de l’enquête. Un large périmètre de sécurité interdisant la circulation a été mis en place dimanche afin de ne pas contaminer d’éventuelles preuves et de permettre notamment aux enquêteurs de trouver l’arme utilisée.
Aux dires de la porte-parole du Service de Police de la Ville de Québec, cela n’a pas été une simple tâche : «Il faut déterminer à quel endroit a débuté la scène de crime. On sait exactement où ça s’est terminé, mais on ne sait pas où ça a commencé. La scène est très grande […] et très complexe. Il y a beaucoup de témoins à rencontrer. Et particulièrement deux témoins, qui sont importants». Ces deux témoins, un homme et une femme également dans la vingtaine, ont été interrogés dans la journée de dimanche et n’ont pas été arrêtés suite à leur interrogatoire. C’est le lendemain (lundi) que Samuel Simard, un homme de 21 ans, a été arrêté dans un appartement de la rue Patelin.
Simard, malgré son jeune âge, a déjà un lourd passé criminel. En 2011, celui-ci a été condamné à 4 ans de pénitencier pour vol qualifié et usage d’une fausse arme à feu. Il était en liberté illégale pour bris de conditions puisqu’il ne s’est pas présenté à la maison de transition à la suite de sa libération d’office. Il était recherché par la GRC et le Service correctionnel du Canada et une récompense de 2000$ était même offerte à quiconque permettant son arrestation depuis le 8 janvier dernier.
Saindon, quant à lui, avait également un passé criminel. Ayant purgé une peine de cinq mois et demi pour menaces de mort en 2013, ce dernier a notamment été reconnu coupable de vol, de voies de fait et de possession de drogue auparavant.
Si les motifs entourant le meurtre de Ianick Saindon restent toujours un mystère, les policiers poursuivent l’enquête pour connaître les liens entre l’accusé et la victime. « On est en train d’éclaircir les circonstances. Il y avait plusieurs personnes sur place. On est en train d’établir le lien et le modus », affirme le porte-parole du SPVQ, Pierre Poirier.
Samuel Simard demeurera derrière les barreaux tout au long des procédures et sera de retour en cour le 26 mars prochain.
Un tel incident permet de se questionner sur l’encadrement de l’individu suite à sa libération (dans ce cas-ci, libération d’office). Si Samuel Simard avait été contraint à respecter ses conditions de libération, un tel crime n’aurait probablement pas eu lieu. Le travail des policiers dans cette affaire a certes été efficace. Cependant, il est indéniable que si le corps de police de la ville de Québec avait travaillé en partenariat avec la GRC pour la recherche de Simard, un tel crime n’aurait peut-être pas eu lieu. Nous sommes ainsi enclins à nous questionner sur l’efficacité d’un système à divers paliers de corps policiers.