Back in the USSR ?

Le 21 novembre 2013 débutaient à Kiev (Ukraine) les manifestations pro-européennes du mouvement Euromaidan. Un mouvement qui prend son essor dans la suspension par le gouvernement du Président Ianoukovytch de l’accord d’association entre l’Ukraine et l’Union Européenne et la mise en place d’un rapprochement entre (l’ancien) « grand frère » moscovite et Kiev. Une suspension perçue par nombre d’Ukrainiens comme un recul de leur pays dans la défense des libertés individuelles et conduisant à un embrasement historique de l’Ukraine. Désireux de maintenir l’ordre établi et de faire accepter, coûte que coûte, le rapprochement avec la Russie, le Président Ianoukovytch décide de faire appel à la force armée pour déloger les manifestants d’Euromaidan ( qualifiés par le pouvoir de « terroristes »)  de la place Maïdan . Un déploiement militaire qui sera perçu par la presse étrangère comme une opération  » d’un autre temps » . 

Entre résistance et défense 

Confronté à un mouvement contestataire grandissant chaque jour davantage , le Président Ianoukovytch fait voter le 16 janvier au Parlement (Rada) une série de lois antimanifestations prévoyant, notamment, la possibilité pour la police d’arrêter tout manifestant et de le maintenir en prison pour cinq jours sans lui donner aucun mobile pouvant justifier son arrestation. On retrouve ici la même méthode que le Royaume-Uni avait employée contre les manifestants républicains en Ulster dans les années 1970-1980. Confronté à une résistance de plus en plus tenace, le gouvernement ukrainien décide d’envoyer les forces spéciales, les Berkout, en appui de la police pour déloger les manifestants . Des forces spéciales, ayant directement succédé aux OMON soviétiques, qui s’illustrent par une utilisation à l’extrême de la violence. De fait, celles-ci font usage de leurs armes létales le 21 et 22 janvier 2014 conduisant à la mort par balles de trois manifestants et contribuent à la destruction , également le 22 janvier , d’une tente de la Croix-Rouge dans laquelle des manifestants se faisaient soigner. D’autre part, les forces spéciales sont accusées d’enlever des manifestants soignés à l’hôpital pour les torturer. C’est ce qu’affirmera l’opposant ukrainien Dmytro Boulatov ( ce dernier ayant été enlevé à l’hôpital le 22 janvier ). (Voir photo ) Image

On pourrait supposer que, face à la multiplication de preuves accusant les forces spéciales de torture et d’usage abusif de la force, le gouvernement ukrainien veillerait à modérer les velléités de ses spécialistes du maintien de l’ordre. Or, le 28 janvier , alors même que le premier ministre Mykola Azarov démissionnait et que le gouvernement annonçait que le Parlement allait étudier l’abrogation des lois anti-manifestations, le Président Ianoukovytch autorisait la police et les forces spéciales à réduire les accès routiers vers la capitale ainsi qu’à user de canons hydrauliques contre les manifestants.

Quelle Ukraine pour quel avenir ? 

Face à la résistance acharnée des manifestants à l’égard de la brutalité policière et, ce, malgré les morts et disparus , la fin du mois de janvier 2014 voit la résistance à la violence du gouvernement ukrainien s’étendre à l’ensemble des provinces du pays. De fait, s’observe dans les provinces tant occidentales qu’orientales du pays l’occupation d’administrations régionales par des opposants au pouvoir. En définitive, face à la résistance acharnée des manifestants ukrainiens, le déploiement de la violence policière par le gouvernement n’aura eu pour effet que de discréditer davantage ce dernier. Néanmoins , nous pouvons nous interroger sur la finalité de cette opposition : qu’adviendrait-il de l’Ukraine si les opposants venaient à parvenir à renverser le pouvoir en place et, surtout, à quel prix ?